La moindre des choses est de se présenter. Je m'appelle Elle, Elle Lancaster. Ce nom doit sûrement vous dire quelque chose. Enfin, n'allez pas croire que ma famille est connue pour avoir réalisée de grandes choses, non. Ils sont juste riches, pleins aux as, c'est tout. Lors de mon enfance j'ai toujours été...comment vous dire...le terme adéquate serait " prise au piège ". Métaphoriquement bien-sûr. N'allez pas vous imaginez que mes parents m'ont réellement enfermés dans une cave à double tour. Pourtant, c'est ce que j'ai toujours ressenti. Lorsque je n'étais encore qu'une petite fille, je ne décidais pas de ce que je voulais faire, non, c'était ma mère qui décidait de tout. Si je voulais avoir une robe bleue mais qu'elle, voulait que j'en porte une rose, c'était la rose qui l'emportait. Si je voulais faire du dessin ou de la peinture, - ce qui m'a toujours plus -, je n'avais pas mon mot à dire. Les petites filles se devaient de faire de la danse classique un point c'est tout. Au début j'ai bien aimé, mais ma mère m'a toujours tellement mit de pression que j'ai finit par détester ça. Ma mère n'est pas un modèle pour moi, loin de là. Elle a toujours été stricte, très stricte. Vous le savez bien, lorsqu'on est enfant, on fait des bêtises, des petites bêtises. Eh bien chez moi, après le moindre faux pas, j'avais le droit à une punition. Comme vous l'avez deviné, j'ai donc reçu une éducation très sévère. Mes deux sœurs aînées aussi.

Voilà ce qui a fait de moi, une jeune femme quelque peu différente de ce que je voudrais être. J'ai tellement été dirigée lors de mon enfance, que je ressens le besoin de créer, d'imaginer, un échappatoire comme dirait certains. Peut-être bien, oui. Lors de mon adolescence, mes parents m'ont fait étudier dans une école très rigide, très stricte, à l'image de leur éducation. C'est là bas que j'ai rencontré quelqu'un. La rencontre la plus importante de ma vie. Cleveland. Je ne sais pas vraiment comment vous expliquer ce que je ressens pour lui. Au premier abord, il était juste un garçon agité, un de plus dans l'établissement. Mais lorsque j'ai appris à le connaître, nous avons tout de suite accrochés l'un avec l'autre. Ensemble, nous avons fais les 400 coups. Les 500 même, si je puis dire... Il m'entraînait dans toutes ses mésaventure, et moi, je le suivais. Avec toutes les règles que j'avais eu lors de ma vie, avec lui, je pouvais enfin braver les interdis. Pousser toutes les barrières qu'on m'avait installés. Et je vais vous dire, ça me faisait un bien fou. J'étais enfin moi, sans ma mère derrière pour me dire ce que je devais faire ou ne pas faire. Le bonheur.

Cependant, une mésaventure fut de trop, et je me suis retrouvée virée de l'établissement. A cause de lui, à cause de nous. Imaginez la tête de mes parents et surtout celle de ma mère. Soit disant que jamais elle n'avait eu autant honte de sa vie, que je n'étais pas mature, pas assez. Que voulez vous répondre à ça. J'ai alors rompu tout contact avec Cleveland. A force d'entendre ma mère, je commençais à penser qu'elle avait raison, il ne pouvait m'apporter que des ennuis. Mais au fond, je savais qu'il m'apportait d'autres choses. Beaucoup de meilleures choses. Je le réalisais lorsque je le vis, presque tous les soirs venir chez elle en cachette. Bizarrement, je ne tentais même pas de lui interdire et lui ouvrais volontiers ma fenêtre histoire de passer de bons moments ensemble.