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 ♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie !

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June Harlow

June Harlow

▌Messages : 99

♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie ! Vide
MessageSujet: ♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie !   ♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie ! EmptyMer 4 Nov - 12:44


          June & Noah

♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie ! Kenz42 ♣ Y a pas d'âge pour jouer une tragédie ! Dougie2



    Un regard vif, ambré, traverse la salle. Elle sait qu'elle est prête. Elle ne doute jamais dans ces moments où elle peut pour un instant être une autre. Une inspiration. La goulée d'air frais la fait frissonner. La climatisation est un instant maudite, puis vite oubliée. Il y a plus important pour le moment que d'envoyer un appareil en enfer. Un pas décidé, puis un deuxième et un troisième. Elle quitte la pénombre des coulisses et la voilà sur la scène, espace débarrassé de tout obstacle, où seule son imagination peut faire apparaître les éléments qu'elle ne peut mimer. Le parquet lisse renvoie contre les parois de la salle le léger frottement que provoquent ses pieds nus qui s'avancent d'un pas lent.

    Cette petite fille qui se place presque au centre de la grande estrade n'est pas vraiment June. Il manque pour cela son air jovial, ses joues rosies par une course folle. Elle semble plus affligée qu'elle ne l'a jamais réellement été. Elle joue avec sincérité et conviction. Elle est son personnage. Elle est Antigone.

        " Comprendre… Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas tout manger à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille… Si je deviens vieille. "


    Sa phrase se termine dans un murmure, pourtant parfaitement audible au fond de la salle comme au premier rang. C'est sur ce rang-ci de fauteuils que se porte l'attention de June quand elle quitte son personnage à la fin de sa tirade, apprise par cœur en un temps record. Tout est une question de volonté, et le théâtre, on l'a toujours bercée avec. Antigone lui est aussi familière que Oui-oui et Dora le sont à d'autres. Sur le fauteuil fixé par l'enfant plantée sur son étendue de parquet lustré se trouve un jeune homme blond, seul spectateur de la prestation de la gamine. Il a un sourire aux lèvres, comme à chaque fois qu'il sent que son amie progresse. Et ce sourire suffit tout d'abord à June, et l'aide à patienter jusqu'à ce que les remarques qui l'aident à s'améliorer sortent de la bouche de Noah. Ce sourire signifie déjà beaucoup. Il trouve que cette récitation est meilleure que la précédente, c'est une certitude. Depuis deux heures qu'ils se sont enfermés dans la salle de théâtre du CFC, c'est environ la vingtième fois qu'elle joue ce bout de pièce, et à chaque fois son interprétation est meilleure. À chaque fois qu'elle entre dans le faisceau des spots ses mots ont plus d'impact. A chaque nouvelle inspiration il lui est plus facile de devenir cette Antigone si fière et courageuse qu'elle admire sans limite depuis la découverte du texte, un vieux livre couvert d'annotations, dans les affaires de son cher père. La remarque de Noah, tant attendue, arrive enfin à ses oreilles, qui bourdonnent tant elle est fatiguée.



        " Franchement, là c'était super. On s'y croirait ! Ton père sera sur le c… Il sera très fier de toi. "


    Le sourire moqueur qu'elle lui décoche signifie qu'elle a bien compris ce qu'il a manqué de dire. Si Noah s'empêche de lui parler comme à quelqu'un de son âge, tous les étudiants n'ont pas cette attention avec June.

        " Tu la refais ? Ou bien… "




    Un bâillement qu'elle ne cherche plus à retenir cache la fin de cette phrase aux tympans de la petite fille. Il est sûrement plus de dix-neuf heures trente, et jouer dans l'état de concentration extrême où elle se plonge est loin d'être reposant. Le reste de la journée ne l'a pas été plus; en effet June s'est réveillée avec le soleil pour pouvoir tirer du lit Noah, puis son père, a ensuite été contrainte de faire ses devoirs et de travailler presque toute la matinée, a ensuite assisté à un cours de montage des plus amusants, en respectant plus où moins la seule condition pour rester dans la salle – être bien sage -, puis a mangé en compagnie de son père – Noah mangeait avec Brooklyn, que June a du mal à accepter, malgré le temps qu'elle a eu pour s'acclimater à cette nouvelle "intruse". L'après-midi, quant à lui, a été passé à filmer les professeurs à travers les hublots des portes de salles de cours, en prévision d'une collection de mouvement et d'expressions amusantes qu'elle pourrait partager, puis à relire les passages d'Antigone que June veut apprendre par cœur pour les jouer devant son père – Dire que Noah a dit qu'il serait fier d'elle !

    Noah sent bien la fatigue de sa minuscule [petite ne marche pas, fichue langue française !] amie et lui propose, à la place d'une énième récitation, une pause bien méritée. Reconnaissante, l'enfant se laisse tomber sur la scène, juste au bord, en laissant pendre ses jambes. De là, elle saute à côté de son ami, aussi vive qu'au début de la journée. La fatigue ne l'a jamais vraiment handicapée, sauf au niveau de la concentration. Elle a vite fait de sortir de sous un fauteuil vide une petite sacoche à bandoulière en cuir d'où pendent divers rubans colorés et un porte-clés portant le texte très original "I ♥️ London". Cette sacoche, qui contient tous les trésors dont elle ne se séparerait pour rien au monde, est aussi le lieu de résidence de ses "rations de survie", en majorité à base de cacao ou portant l'étrange inscription "LU". Aujourd'hui, le paquet qu'elle sort de la besace magique n'est autre qu'un paquet de petits Lu, qu'elle ouvre en un tour de main habile, preuve d'une grande habitude de ce genre de tâches. Ses petits doigts fins ont vite fait d'extraire un premier biscuit de l'emballage qui crisse entre ses mains, et déjà le délicieux goûter produit un craquement caractéristique en rencontrant ses dents blanches. De petites miettes tombent en flocons croquants sur son t-shirt de coton couleur bouton d'or. Après cet instant de voracité contenue, June, soudain consciente de la présence de Noah, s'empresse de lui tendre le paquet de gâteaux, un sourire gourmand aux lèvres qui pourrait bien signifier : "Si t'en prends pas, c'est super, y en aura plus pour moi !". Pourtant, la phrase qui franchit les lèvres fines de l'enfant est plus simple et innocente, on pourrait presque croire que June est angélique…

        " T'en veux un ? "




[C'est terriblement mal écrit, j'dois être un peu rouillée u_ù]
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